DISTRICT REGIONAL DE XANTHI

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Xanthi fait partie de Thrace. Elle est limitrophe de la Bulgarie au nord et est baignée par la mer thrace. Il est le plus petit des trois départements de Thrace en extension et en population. Comme partout en Thrace, le relief de la région est dominé par la chaîne de Rodope (le plus haut sommet de la région est à 1827m) avec des forêts vierges et riche flore et faune. Les trois fleuves (Nestos à l’ouest, Kosynthos au centre, qui traverse la ville de Xanthi et Kompsatos à l’est) traversent le département de Xanthi du nord Rodope vers le sud, puisant d’eau la plaine, ce qui offre une riche production agricole (du tabac, du coton, des grains, des olives, des légumes etc.

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Le fleuve Kompsatos se jette dans le lac Vistonida, le seul lac de Thrace, et la 4ème plus grande de la Grèce. Il se trouve entre les départements de Xanthi et de Rodope et il se limite par le golf Vistonique (Porto Lagos) d’une branche alluvionnaire qui laisse libres trois canaux étroites par lesquels il joint la mer. En ce qui concerne la contenance au sel, des changements sont observés, puisque les eaux sont salées au sud du lac et douces à la partie nord.

flamingo in Vistonida
Le lac constitue une zone humide de grande portée écologique dans laquelle on trouve de la faune et de la flore très riches, comme des joncs, des marais et des biotopes mais aussi plusieurs espèces d’oiseaux, des amphibiens et des poissons d’eau salée et douce. Entre autres on distingue le flamant rose, qui voyage chaque année pour y arriver grâce aux conditions propices de la région.

BRÈVE HISTOIRE D’ABDÈRE

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Une des villes les plus considérables de l’Egée du nord, Abdère, se trouve au littoral de la Thrace, à un emplacement exceptionnel avec deux ports naturels. La ville a été fondée au milieu du 7ème siècle av.J.Ch. par les colonisateurs de Clazomènes, ville grecque à la péninsule d’Erythrée en Asie Mineure et le fondateur Timèsios.

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Le parcours de la colonie était en déclin, non seulement à cause des conflits avec les thraciens, qui y préexistaient, mais aussi en raison de mauvaises conditions climatiques au delta du fleuve Nestos, qui alors coulait plus près à Abdère (aujourd’hui il y a un nouveau lit). Il est remarquable que la plupart des tombes de cette période sont des tombes des nourrissons, ce qui conclut que les premiers colonisateurs couraient le risque du paludisme, prouvé par l’étude du matériel squelettique.

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A peu près un siècle plus tard, en 545 av.J.Ch., la région a été colonisée par les habitants de Téos, ville grecque aussi, située tout près de Clazomènes. Les Téiens se sont installés à la même région et ont cohabité avec les Clazoméniens en mettant en évidence leur fondateur mythique Hercule et leur héros éponyme Abderos, qui selon le mythe, a été dévoré par les chevaux du roi des Bistons de Thrace, Diomède. Les Téiens, eux aussi, faisaient face aux problèmes avec les Thraces mais finalement ils y ont dominé et la ville a connu un grand épanouissement économique et intellectuel. Plusieurs grands hommes étaient nés ou ont vécu à Abdère. Entre autres le fameux poète Anacréon, le sophiste Protagoras et le grand philosophe Démocrite, le père de la théorie atomique.

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Après les guerres médiques Abdère a été incorporé à la 1ère Ligue athénienne payant un impôt bien considérable, et en même temps la ville tenait des relations étroites avec Odryssie, un royaume de Thrace, indépendant. En 376 av.J.Ch. la tribu thrace des Triballes a envahi Abdère et en 350 av.J.Ch. a été emparé par le roi Philippe IIème de Macédoine. Ces événements, associés aux changements que les alluvions de Nestos a causés, ont obligé les habitants d’Abdère de se déplacer plus au sud de la région. La nouvelle agglomération a été bâtie sous un projet unitaire de construction, selon le plan de Hippodamos. Il comportait des murailles fortes, une acropole, deux ports, un théâtre tandis que les maisons étaient arrangées à carrés pâtés.

Pendant la période romaine Abdère était une ville libre mais dépendante de Rome, cependant cette ville puissante, que jadis était peuplée de 22000 habitants à peu près, a commencé petit à petit à tomber en décadence, non seulement à cause des conditions politiques mais parce que les alluvions du fleuve Nestos ont bouché ses ports, sa puissance pendant des siècles. A la première moitié du 4ème siècle ap.J.Ch. la colonisation déjà affaiblie, a été déplacée sur la colline de l’acropole ancienne et réapparaît sous le nom Polystylon et une partie de la ville abandonnée a été utilisée comme cimetière. La région était habitée jusqu’au 14ème siècle ap.J.Ch.

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L’agriculture, l’élevage, la pêche, l’artisanat et surtout le commerce très développé constituaient les sources de la richesse publique et privée. Ce qui est significatif de l’économie vigoureuse de la ville est son monnayage florissant, qui a commencé vers 530 av.J.Ch. La cité-Etat d’Abdère était parfaitement organisée. Son régime politique était démocratique avec deux corps supérieurs : le Demos et la Boulè. L’archonte supérieur et l’archonte éponyme était le prêtre d’Apollon ou le prytane. Il y avait aussi les archontes exécutifs et financiers (les timouchoi, les nomophylakes, les argyrotamies). Parmi les lois votées à plusieurs reprises, celles qui interdisaient l’enterrement des citoyens qui avaient gaspillé la fortune paternelle aux voyages et celles qui visaient à la protection du régime par les complots, sont parmi les plus remarquables.

L’emblème de la cité était le griffon et son dieu protecteur était Apollon. On adorait aussi Dionysos, Aphrodite, Athéna, Hermès, Artémis, Déméter, Cybèle, Hécate, Hercule et l’archonte éponyme Abderos et d’autres. Les sources littéraires se réfèrent à de grandes fêtes, Dionysies, Thésmophories (à l’honneur de Déméter) et aux jeux sportifs pour honorer le héros Abderos. Les Dionysies comprenaient des jeux, la réception des étrangers officiels, des pièces théâtrales et le couronnement en or des bienfaiteurs.

LES FOUILLES ET LE MUSEE ARCHEOLOGIQUE D’ABDERE

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C’est grâce aux sources anciennes (Pindare, Hérodote, Thucydide, Xénophon, Pline et d’autres) et à la recherche archéologique, qu’on connaît la physionomie de la cité. Les fouilles systématiques ont commencé en 1950 par Démétrios Lazarides et continuent jusqu’aujourd’hui par l’Ephorie d’Antiquités de Xanthi du Ministère de Culture.

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Au musée archéologique d’Abdère sont exposés des objets trouvés dans la cité et aux cimetières de la ville. Cette exposition couvre une période du 7ème siècle av.J.Ch jusqu’au 13ème ap.J.Ch. Les trouvailles sont présentées en trois unités et en sous parties thématiques : vie publique, vie privée et rites funéraires. Les objets sont accompagnés par des panneaux explicatifs, photos, dessins, cartes et des plans.

Les textes sont basés avec peu d’additions et de changements aux œuvres ci-dessous:
Diamantis Triantafyllos, Abdère : éléments historiques, Archéologie 13 (1984) 27-31.
Constantina Kallintzi, Ministère de la Culture et des Sports, LIEN ‘’ODYSSEUS’’-ABDERE odysseus.culture.gr/

Traduction: Chryssa Arvaniti, archéologue, master en archéologie classique (Université d'Athènes), guide touristique (en français), professeure de français (Licence de Langue et littérature françaises, Université d’Athènes).